COVID-19 : des clients de l’industrie alimentaire partagent ce qu’ils ont appris

Blake, Cassels & Graydon LLP
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Après s’être débattues pendant plusieurs mois, les entreprises canadiennes exerçant des activités dans le secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés sont maintenant en mesure de revenir sur ce que la pandémie leur a appris. Les membres du groupe Agroalimentaire et produits alimentaires et embouteillés de Blakes ont eu le privilège de pouvoir échanger à ce sujet avec certains de nos clients de ce secteur. Alice Lee, vice-présidente, Affaires juridiques de Bimbo Canada (« Bimbo ») et Daniel Holden, premier vice-président, Ressources humaines, et chef du contentieux de Nestlé Canada Inc. (« Nestlé ») nous ont fait part des répercussions que la pandémie de COVID-19 a eues sur leur organisation. Parmi les principaux points à retenir de la discussion, nous notons l’importance pour une entreprise d’être capable d’adapter ses activités commerciales ainsi que la valeur des personnes sans qui l’entreprise ne pourrait fonctionner – ce qui s’est révélé particulièrement vrai au cours de la pandémie.

SAVOIR FAIRE FACE À LA SITUATION ET S’ADAPTER

Même s’il avait été difficile de prévoir l’incidence que la pandémie a eue sur le secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés, la vitesse à laquelle le confinement s’est imposé a fait en sorte que les entreprises qui avaient instauré des procédures en vue de minimiser la perturbation des activités s’en sont mieux sorties que les autres. Alice Lee a souligné qu’en prévision d’une augmentation marquée de la demande et de pressions sur la main d’œuvre, « en février, les boulangeries Bimbo dans l’ensemble du pays se sont jetées dans la bataille, cuisinant jour et nuit afin de constituer des stocks de pain, tandis que l’équipe des achats travaillait sans relâche pour dénicher de grandes quantités de pièces d’équipement de protection individuelle ». Si la planification relative à la continuité des activités a toujours fait partie de la planification stratégique des entreprises, les événements récents ont montré qu’une planification appropriée peut constituer un avantage stratégique.

Cependant, en raison de la volatilité des marchés, la préparation n’aurait pas suffi à elle seule. L’adaptabilité (la capacité de s’adapter) a été et continue d’être un facteur clé de la survie d’une entreprise. Daniel Holden et Alice Lee ont tous les deux souligné que leur organisation respective a constamment cherché à réévaluer la situation dans le but de s’attaquer à tous les défis posés par la pandémie. Pour réussir à s’adapter alors que les forces du marché évoluent aussi rapidement, il est important, selon Alice Lee, de mettre de côté son égo et de reconnaître le caractère insaisissable de la situation. Les décideurs doivent accepter que leurs opinions et leurs directives évolueront en fonction des nouvelles données. En outre, la capacité de collecter, d’analyser et d’évaluer les données en temps réel continue d’être un facteur décisif pour les entreprises au moment de la relance de l’économie.

En réponse au comportement des consommateurs qui se sont soudainement mis à accumuler des réserves au tout début de la pandémie, Bimbo a pris la décision de concentrer sa capacité de production sur un petit nombre de gammes de produits afin de prioriser le volume de certains produits plutôt que la variété. Maintenant que la tendance à l’accumulation a disparu, et que les consommateurs ont de nouveau envie de produits abordables autres que les produits de base, Bimbo a recommencé à offrir son assortiment diversifié de produits. En ce qui concerne les nouvelles tendances appelées à durer, l’adoption à grande échelle de l’épicerie en ligne constitue vraisemblablement un facteur dont les entreprises du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés devront tenir compte à partir de maintenant. Alice Lee prévoit que ce nouveau comportement obligera les fabricants à adapter leurs stratégies et pratiques s’ils veulent inciter les consommateurs à ajouter leurs produits dans leur panier virtuel.

Étant donné que les différentes gammes de produits variaient d’une semaine à l’autre pendant la pandémie, Nestlé s’est surtout fiée aux données qu’elle obtenait ainsi qu’à son intuition pour modifier ses plans à l’égard de la production, du calendrier, de l’entreposage et de la distribution. L’important pour Nestlé était de trouver le bon équilibre entre l’ampleur et la souplesse de sa production afin que les prix raisonnables de ses produits puissent être maintenus, lesquels prix raisonnables dépendent d’un modèle fondé sur les économies d’échelle. Il fallait également que les produits soient suffisamment diversifiés pour permettre à l’entreprise de réagir en cas d’imprévus. Daniel Holden fait remarquer qu’une erreur répandue, selon lui, consiste à croire que les organisations bien établies et plus stables ne sont pas en mesure de s’adapter rapidement. Pourtant, explique-t-il, grâce à des priorités claires, à une vision commune des objectifs à réaliser et à une volonté de s’adapter, Nestlé a été capable d’agir à un rythme époustouflant pour répondre à la crise. De fait, les grandes marques ont généralement mieux traversé la crise que d’autres, en grande partie en raison de leur grande expérience des marchés et de la confiance des consommateurs.

GARDER LA CONFIANCE DES CONSOMMATEURS

Les tendances à l’accumulation sont apparues dans la foulée de l’éclosion. La demande pour les produits alimentaires de base a alors fortement augmenté puisque les consommateurs ont trouvé un certain réconfort à utiliser les produits qu’ils connaissent bien. Daniel Holden a découvert que les consommateurs se tournent vers les produits qu’ils savent fiables et n’ont pas envie d’expérimenter avec des produits ou des marques qui leur sont moins familiers : « nous avons vraiment réalisé à quel point nos produits sont importants pour les Canadiens. Quelle révélation magnifique! Je pense que nous nous sentons plus que jamais directement reliés aux consommateurs et à leurs besoins. » Au-delà des produits eux-mêmes, Daniel Holden estime qu’il est tout aussi essentiel dans les circonstances actuelles d’instaurer la confiance en répondant aux besoins des clients tout en tenant compte du contexte social, c’est-à-dire en s’engageant à favoriser la durabilité environnementale, le perfectionnement des employés et le soutien des collectivités. L’expérience que nous vivons actuellement a eu pour effet d’augmenter les attentes des consommateurs en ce qui concerne la conscience sociale des entreprises au sein du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés, et ces consommateurs chercheront désormais des signes confirmant le sérieux des engagements affichés par ces entreprises.

Pendant toute la durée de la pandémie, les Canadiens se sont fait dire que le pays disposait de suffisamment de produits alimentaires pour nourrir la population. Les premières pénuries étaient attribuables à la difficulté de modifier les emballages destinés aux commerces de détail ainsi qu’aux retards des transporteurs, plutôt qu’à un approvisionnement insuffisant. Le Canada est le cinquième plus grand exportateur de produits agricoles au monde, et une grande partie de son économie dépend du commerce. La pandémie a exposé la vulnérabilité de ce système et devrait entraîner un virage de la demande pour des biens produits au pays sur lesquels les Canadiens peuvent compter. Alice Lee prédit que le mondialisme fera place à une prédilection pour les produits « d’ici ». Que cela soit attribuable aux préoccupations des consommateurs liées à la sécurité alimentaire ou à la volonté de ceux-ci d’utiliser leur portefeuille pour prendre position, Alice Lee réalise que le modèle de production canadien de Bimbo s’est révélé un avantage considérable. L’attrait représenté par le commerce électronique et les modèles de vente directe aux consommateurs s’est accru dans la foulée de la pandémie de COVID-19 pour des raisons semblables. Les consommateurs se tournent vers des systèmes moins susceptibles d’être perturbés et sur lesquels ils peuvent compter pour nourrir leurs familles. 

SE TOURNER VERS L’INTÉRIEUR 

L’assouplissement des conditions de travail a gagné en popularité au cours des dernières années. Des entreprises de toute taille ont adopté des politiques et des infrastructures permettant d’accommoder les travailleurs en ce sens. Alors qu’un grand nombre d’entreprises ont dû se démener pour permettre à des centaines d’employés de travailler à distance au début de la pandémie, d’autres entreprises avaient la chance d’avoir pris de l’avance dans ce domaine. Bimbo disposait déjà d’arrangements pour le travail à distance avant la pandémie, et la transition plutôt harmonieuse vers le télétravail lui a permis de consacrer ses efforts à la planification, à la préparation et à l’atténuation des risques dans ses boulangeries et ses centres de distribution.

Comme beaucoup d’entreprises, lorsque la pandémie a frappé, Bimbo était en train de convertir l’espace de son nouveau siège social en un modèle de « bureaux à la carte ». Toutefois, la mise en place d’un tel modèle peut représenter des enjeux considérables pour les employés, car ceux-ci ne disposent pas d’un espace de travail qui leur est propre, et la distanciation sociale de même que l’atténuation des risques de contamination des surfaces sont plus difficiles à réaliser. Bimbo s’est attaqué à ces problèmes en installant des cloisons entre les espaces de travail, en ouvrant des fenêtres pour favoriser la circulation de l’air et en limitant le nombre d’employés sur place.

Le volet opérationnel mis à part, les conséquences pour les employés ont été très intenses. Le brusque revirement de la réalité en milieu de travail, auquel se sont ajoutées de fortes demandes sur notre système alimentaire, ont créé des pressions sans précédent sur les employés du secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés. Daniel Holden nous a décrit les défis que tout ceci représente pour les employés qui tentent de concilier le travail supplémentaire avec leurs responsabilités personnelles comme la garde de leurs enfants. Il affirme que la priorité de Nestlé, c’est d’abord et avant tout de s’assurer que ses employés sont protégés et qu’ils sont en mesure de travailler de façon efficace et durable. Cet engagement se traduit par la recherche de solutions technologiques et une ouverture aux suggestions des employés.

Pour la plupart, la pandémie a prouvé que le travail à distance est non seulement faisable, mais efficace. Alice Lee et Daniel Holden ont tous les deux remarqué à quel point leurs collègues ont apprécié l’assouplissement de leurs conditions de travail, et ils s’attendent à ce que cette question soit une grande priorité à l’avenir. Les entreprises de tous les secteurs devront continuellement évaluer les effets du travail à distance sur le moral des employés et leur esprit de collaboration. La culture axée sur le temps de présence pourrait être remplacée par l’habilitation des employés à déterminer le modèle de travail productif qui leur convient.

Dès que l’on reconnaît que les producteurs et les transformateurs alimentaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont des travailleurs de première ligne, il devient impératif de protéger leur santé et leur sécurité, car ces employés ont choisi de quitter la sécurité de leur foyer pour nourrir les Canadiens. Pour assurer la protection de ces travailleurs, Alice Lee explique que Bimbo consacre beaucoup d’efforts et d’attention à déterminer comment elle peut poursuivre ses activités de façon sécuritaire et efficiente, qu’il s’agisse, par exemple, de prendre la température des employés ou de demander à ceux-ci de répondre à un questionnaire. Comme tous les dirigeants d’entreprise dans ce secteur le savent, les coûts associés à l’embauche de personnel additionnel et à l’achat de la technologie requise pour la mise en œuvre de telles procédures sont importants. En investissant dans cette technologie et ces mesures de soutien, Bimbo et Nestlé souhaitent que leurs employés réalisent à quel point ils sont appréciés et valorisés.

POINTS À RETENIR

Le secteur de l’agroalimentaire et des produits alimentaires et embouteillés a identifié les risques associés à la pandémie de COVID-19 et a travaillé d’arrache-pied pour s’adapter en conséquence. Toutefois, d’autres changements devront sans doute encore s’imposer. C’est en étant à l’écoute des consommateurs et de leurs collaborateurs que les entreprises de ce secteur pourront reconnaître les tendances qui se dessinent et réagir rapidement. Nous avons hâte de voir les innovations qui ne manqueront pas de voir le jour.

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